Sommeil bruit pollué

Publié le par mi ochi

Sommeil, sommeil

 

 

 

La chanson disait “Soley, soley”, c’était « Middle of the road » dans les années 60 ou 70.

 

 

C’était le temps où dormir n’était pas un problème ; tout au moins s’endormir et passer la nuit. Quoique...une bonne tasse de lait chaud le soir, ça aidait. [Lisez à gauche et à droite, vous trouverez sûrement qu’un lait chaud au miel dégage un je-ne-sais-plus-quoi qui est propice à l’endormissement. Si ! Si !]

 

 

C’était l’époque où faute de savoir où les mettre, la commune ramassait les déchets en tombereau tiré par un tracteur du patelin et allait le vider dans un petit sous-bois !  Cela ne perturbait que le sommeil de ma mère qui s’insurgeait de voir la pollution que cela faisait ! C’était le seul endroit dans la campagne où l’on voyait des boîtes de conserve ou des pots de w-c. Les anciens prisonniers récoltaient les vieux journaux, les chiffons et les vieux métaux étaient repris par le ferrailleur et les bouteilles de lait, d’eau et de limonade étaient rincées et remises dans leur casier respectif avant que brasseur et laitier ne passe le reprendre.

 

 

Le remplacement du poêle au charbon par un feu au mazout faisait qu’il ne fallait plus évacuer les cendres chaque matin dans l’allée, mais le marchand de charbon avait fait trop peu attention et le mazout avait débordé de la cuve quand il avait fait une livraison. La source qu’il a polluée doit l’être encore à l’heure actuelle. Elle servait à alimenter le puits d’où l’on pompait l’eau pour la soupe et le café. Heureusement peu de temps auparavant, on avait eu enfin droit à l’installation d’UN robinet d’eau courante !

 

 

Mais tout cela ne troublait pas mon sommeil. L’âge tendre ne se laisse pas perturber par de pareilles balivernes. On y dort du sommeil du juste, sans trop de soucis.

 

Le réveil se faisait entre sept heure trente et huit heure trente. La première heure pour les jours de la semaine, du lundi au samedi, il fallait aller à l’école. Parfois à sept heure, deux fois sur la semaine, le jeudi et le samedi, vers les onze ans car il fallait aller à l’église suivre le catéchisme donné par Monsieur le curé en préparation à la communion solennelle. Ce qui explique que le dimanche, le lever ait été à huit heure. Il fallait avoir fini de déjeuner à neuf heure au plus tard ! La grand-messe était à dix heure et pour pouvoir communier, il fallait avoir fini de manger depuis minimum une heure. C’était déjà une grande avancée car un ou deux ans plus tôt il fallait être à jeun depuis la veille à minuit !

 

 

C’était une vie qui semble sans doute un peu folklorique aujourd’hui. Mais le temps de vivre était meilleur. Il n’y avait pas encore cette frénésie incessante, ce besoin d’aller toujours plus vite. Les gens dormaient mieux.

 

 

Le gigantisme n’était qu’à ses débuts. Une famille pouvait vivre de ses cinq vaches, son cheval et ses dix hectares. Le tracteur apparaissait mais il n’avait rien à voir avec les monstres actuels. On dit que la disparition du cheval et de sa légèreté sur les sols au profit de machines lourdes qui ont tassé les terres rien qu’en y roulant, a provoqué un compactage du sol, un tassement très fort. Que c’est pour cela que le sol est moins perméable, que les eaux ne s’y infiltrent plus aussi aisément et au contraire coulent sans rien vraiment abreuvé n’y pénétrer suffisamment profond. Comme le sol est devenu plus lourd à travailler, il faut des machines plus puissantes. On en a profité aussi pour agrandir les outils. Une charrue de nos jours n’est plus attelée à la ferme, elle est posée sur un chariot, en longueur. Ses je-ne-sais combien de socles (huit ? et doublés) ne passent plus en largeur sur les routes.

 

 

Sommeil, sommeil.

 

 

Comment y aller, à tête reposée quand on pense aux détritus aperçus dans les labours jusqu’à l’extrémité du champ opposée à la rue. Ce ne sont pourtant pas des parcelles de vingt mètres de profondeur, ho non. Les dernières que j’ai longées en automne prolongé en décembre devaient faire au moins cent mètres. Et pourtant, aussi loin que je regardais, aussi loin il y avait des sachets et des bouteilles de plastique, des canettes, des morceaux énormes de maçonnerie voire même de tarmac ! En bord de route, jusqu’à portée de jet, mégots et paquets de cigarettes jonchaient les sillons. Et pour qui a vu une jonchée de pétales sur le sol, cela donne une idée de la densité de filtres goudronnés !

 

 

Il doit être bon le blé qui pousse entre ces décombres artificiels.

 

 

 

La voiture doit être plus propre et ne plus polluer l’air. Mais que l’on sanctionne ces chauffeurs qui jettent tout par leur fenêtre. Ceux qui prétendent pouvoir jeter puisqu’ils ont payé les taxes « pour les poubelles » doivent revoir ce cliché dans leur tête. Qu’ils soient médecins ou chômeurs, il faut que l’on réapprenne aux gens que si ils paient c’est pour que l’on puisse éliminer les saletés par pour leur permettre de les jeter partout et certainement pas sur les routes et autoroute en baissant le carreau ni à pieds en se promenant dans la ville ou dans les bois.

 

Un service civil obligatoire de réécolage ? Une brigade anti-pollueurs permanente ayant autorité de dresser procès ? Des cantonniers postés le long de leurs kilomètres de chemins vicinaux et de grands routes et responsables de leur entretien, curage des fossés, dégagement des caniveaux et avaloirs ? Cela créerait quelques emplois et réhabiliterait les paysages et la propreté civile.

 

 

                                                                                          &&&

 

 

Mais, cela suffira-t-il à me rendre le sommeil ?

 

 

Non. sans doute que non, mais cela contribuera au bien-être inconscient général. On vit mieux, on se sent mieux dans un environnement soigné que dans la crasse.

 

 

Pour mon sommeil… je n’ai malheureusement que très peu de recours possibles face à la pollution ‘de réveil’ qui lui est faite. On peut imaginer arrêter, juger et punir pour une pollution matérielle et donc visible, constatable par des tiers. Mais, comment faire pour empêcher que l’on vous réveille à quatre heure du matin et à quatre heure trente sous prétexte (fondé sans doute) que vous ronflez.

 

 

Dépolluez l’air, je respirerai peut-être un peu mieux et moins fort. Plus d’apnée, jamais, et l’oxygénation est meilleure. Le brulage des calories se fait mieux. L’embonpoint n’est plus entretenu par ce facteur. La trachée se dégage, le bruit diminue.

 

 

Faite vite car je risque d’être pris pour un produit polluant et de me faire jeter à la rue. Car là aussi, le message n’est pas bien passé : ne rien jeter à la rue !

 

 

                                                                                      &&&

 

 

La boucle est arrivée où elle aurait dû commencer. Au départ, je voulais juste crier ma colère et sa violence face au viol de mes pauvres petites heures de repos. Un sujet plus général, moins personnel, s’est nourri de cette énergie négative et l’a positivée en quelque sorte…. Toutefois, cela reste « pollueur, payeur ».

 

 

 

 

 

Signé :

 

 

Amer terrestre aux abords d’une mère citrique et volcanique aux ronrons pleins de décibels.

 

Publié dans povcon

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